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Le débat actuel en France sur le mariage entre personnes de même sexe, repeint à la sauce marketing en « mariage pour tous », me semble symptomatique de la mutation profonde que connait notre société : le besoin d'adapter l'être humain à la société technique. Et oui, le mariage homosexuel peut aussi être vu sous l'angle science et société. :o)
Le débat actuel en France sur le mariage entre personnes de même sexe, repeint à la sauce marketing en « mariage pour tous », me semble symptomatique de la mutation profonde que connait notre société : le besoin d'adapter l'être humain à la société technique. Et oui, le mariage homosexuel peut aussi être vu sous l'angle science et société. :o)
Première chose, pour bien comprendre mon propos il est important de poser un contexte :
La
société mondiale du 21e siècle est hyper-technique dans tous les
domaines. En la regardant de loin, cette société (que
j'appelle Technosociété) semble avancer toute seule au gré des impératifs technologiques et économiques, et ce malgré la
gronde passagère des populations qui finalement n'ont plus aucune emprise sur leur futur.
La
réalité actuelle est le fait du développement fulgurant de la
technique à tous les pans de la société depuis la révolution industrielle. Cet élan technique est même devenu une condition
nécessaire au développement de la société. J'aborde cette
question de la perte de contrôle de l'homme sur la société dans
mon billet sur la relation co-sanguine entre science et société.
J'aurais l'occasion par ailleurs de développer cette thèse.
Le
risque ultime est le développement d'une société déshumanisée,
une société où le développement technique ne sert qu'au
développement technique, une société anonyme où nous serions tous
interchangeables car devenus nous aussi des objets techniques.
Voici
le référentiel dans lequel je me place. Il n'est pas le moment ici
d'en débattre mais ceci viendra : c'est d'ailleurs tout l'objet de ce blog.
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Pour
moi, la question n'est pas d'être pour/contre le mariage homosexuel
car celui-ci sera autorisé, quoi qu'il arrive, comme une suite logique
du développement des sociétés occidentales. Le problème est
ailleurs et la discussion gagnerait à considérer les causes, les
implications, les conséquences de ce type de loi sur l'évolution de
la société. Pourquoi cette question est-elle polémique ? Peut-être
parce qu'elle nous donne un aperçu de la société de demain.
La
question d'autoriser le mariage entre homosexuels me semble de toute
importance puisqu'elle transcende les questions économiques
et politiques. Elle vient
avant, elle touche à l'origine même de notre société, la
société dite « traditionnelle », celle qui plaçait
l'homme au centre de ses valeurs.
Dans toutes les sociétés traditionnelles, le mariage est un sacrement. C'est le sacrement de « la famille ». Le concept de famille est le pilier de toutes les organisations humaines (y compris les états ou les entreprises). Peu importe la religion, la famille est un sanctuaire qui structure la société. C'est ce sanctuaire qui est ébranlé par le « mariage pour tous ».
Dans toutes les sociétés traditionnelles, le mariage est un sacrement. C'est le sacrement de « la famille ». Le concept de famille est le pilier de toutes les organisations humaines (y compris les états ou les entreprises). Peu importe la religion, la famille est un sanctuaire qui structure la société. C'est ce sanctuaire qui est ébranlé par le « mariage pour tous ».
Toutefois,
le mariage entre homosexuels ne semble pas poser un problème en
soi, surtout il pose un nouveau cadre : un nouveau cadre sociétal dans lequel la question de la généralisation de la procréation médicalement assistée (PMA) devient légitime. Et oui, insémination artificielle, GPA, FIV et autres ICSI ouvrent la porte de 'la reproduction industrielle' de l'être humain ! (industrielle, ça veut dire : rôle de l'humain réduit, sélectivité et productivité décuplées).
- Cette question de la PMA donne corps également à toutes sortes de théories malodorantes laissant entrevoir une idée de normalisation sociale (par le gommage des spécificités ou par simple eugénisme). D'où peut-être le malaise qui accompagne ce sujet. A discuter.
Pour ma part, je vois les choses comme cela :
fondée sur une éthique égalitariste, l'autorisation du mariage homosexuel conjugué à la généralisation
de la PMA porterait l'estocade à une des notions les plus
fondamentales de la société humaine : la spécificité de chaque individu.
Et si le mariage sacre des hiérarchies (plus ou moins discutables je vous l'accorde), le mariage homosexuel
consacrerait l'interchangeabilité au sein de l'espèce humaine,
l'interchangeabilité dont on parlait plus haut et qui est devenu
nécessaire au déploiement des technologies.
Si
l'on gomme les hiérarchies, si l'on gomme les caractères, les
spécificités, si un homme vaut un autre homme, si un homme vaut une
femme, si un père vaut une mère... Bref, si nous sommes tous égaux
alors nous ne sommes plus personne. Ici est le point de résistance de l'homme face à la Technosociété cannibale.
- L'interchangeabilité humaine existe depuis le début du 20e siècle dans le milieu professionnel (Fordisme), elle est aujourd'hui mondialisée. Sommes-nous en train de vivre l'interchangeabilité dans nos vies personnelles ?
Cette
approche de la question reste singulière dans le débat actuel, c'est
dommage. On préfère divaguer au gré des fadaises manichéennes dans l'air du
temps : politiciens réac' vs. citoyens émancipés, religions conservatrices s'opposant au
progrès sociétal, on prône le respect de l'autre dans une société
gauchiste et tolérante, on scande des « Liberté, Egalité, Fraternité »
qui ne veulent finalement plus rien dire... Bref, ça sent l'angélisme niais, la philo à la mormoil' de bobos parisiens.
A
bas l'Egalité !
L'Egalité
suscite la Fraternité, mais réduit la Liberté : voici une des
équations que cherche à résoudre la société française depuis le
siècle des lumières. Aujourd'hui ces mots n'ont plus de sens et les
valeurs qu'ils portent nous dépassent.
Notre
« société de consommation » (appuyée par la propagande) nous dirige vers une homogénéisation des
comportements -c'est pas nouveau. Je critique ici le fait qu'on prête
à l'Egalité une vertu émancipatrice. C'est
manifestement un leurre et il ne faut pas s'y tromper : l'homme
indifférencié, c'est l'homme servile !
Le
plus amusant, c'est qu'au nom de la Liberté individuelle et
collective, tout le monde est d'accord pour favoriser l'Egalité
entre les hommes. Nous applaudissons tous ces propos prétendument
humanistes et progressistes alors que nous perdons peu à peu cette Liberté. Voici comme je le pense et sans détour : l'égalitarisme est un chemin vers la dictature. La dictature de la technique en l’occurrence.
Je
pense qu'aujourd'hui nous devrions nous mettre dans une posture de
compréhension et d'acceptation d'une société basée de plus en
plus sur des critères rationnels, bien éloignés de la réalité
humaine. L'homme doit désormais retrouver une place au sein d'un
monde qui lui échappe. N'est-ce pas l'un des grands défis de la société
postmoderne : l'acceptation du modernisme ?
Finalement,
sans avoir de sympathie particulière pour les
religions, je pense que ces religions (par leur fonction sacrée)
restent les seuls lieux où l'homme peut de façon collective
exprimer son humanité. Avec tout ce que ça comporte comme défauts.
:op
Les
religions sont les derniers garants d'une moralité collective, car
le bien/mal, le bon/mauvais, le moral/l'immoral n'existent pas dans la Technosociété.
Faut-il se défaire de ces notions ? Voici une question qui m'intéresse bien plus que les histoires de mariage.
Pour
moi, une loi autorisant le mariage homosexuel (avec ou sans PMA)
irait dans le sens d'une société déshumanisée... Mais tellement
nécessaire en fin de compte !
Pourtant je
reste quand même favorable à l'autorisation du mariage entre
homosexuel car moi aussi, peut-être, j'ai inconsciemment renoncer à une société
défendant les valeurs humaines.
GF
.
Un
écrit récent :
Shmuel
TRIGANO, La nouvelle idéologie dominante : le postmodernisme,
2012
Je conseille de relire attentivement les oeuvres de Nietsche, Ellul,
Rousseau, Weber, Marx...
Il me semble plutôt que le mariage est, à l'origine, un rite permettant de transformer quelque chose de matériel en quelque chose de symbolique. Ce qui a changé c'est que nous avons désormais les capacités, oui, grâce à la technique entre autre et à une certaine abstraction de notre organisation sociale, de prendre en charge le quotidien de manière individuelle, et même d'élever correctement des enfants. En d'autres termes la famille s'est émancipée de son fondement matériel et n'est plus que symbolique.
RépondreSupprimerLe mariage est donc devenu un rite qui permet de représenter matériellement quelque chose de symbolique. La famille reste un pilier de l'organisation sociale humaine, mais les organisations changent et les piliers sont mobiles... toutes les structures familiales ne sont d'ailleurs pas identiques à travers l'Histoire, à travers les cultures.
En fait cette "dématérialisation" est justement une émancipation envers les contingences matérielles, pour ne conserver que l'humain, que ce qui nous relie les uns aux autres. La question des organes génitaux des uns et des autres est, semble-t-il, suffisamment accessoire.
A conserver un temple sans adapter les rites aux réalités sociales forcément dynamiques, on se retrouve à vivre dans des ruines, comme à Rome quelques centaines d'années après sa chute.